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Pourquoi le Syndicat de traitement des déchets collectés par la CINOR et la CIREST, a t-il opté pour un marché de tri optimisé alternatif ? Gérald Maillot, Président de Sydne, justifie cette décision : « pour les Réunionnais, pour le territoire, cette solution s’est imposée d’elle-même ».
Aujourd’hui, les déchets collectés dans le Nord et à l’Est de La Réunion sont enfouis. Ce qui représente l’équivalent de 20 cachalots qui souillent chaque jour la terre réunionnaise. Aussi, dès sa création, le Sydne s’est donné pour mission première d’anticiper la limitation obligatoire de l’enfouissement en développant un marché de tri optimisé alternatif, marché visant au traitement de 2 100 000 tonnes de déchets. Gérald Maillot s’en explique.

Monsieur le Président, depuis plusieurs mois, vous évoquez l’urgence de mettre en place des solutions alternatives pour le traitement des déchets. Quelles en sont les raisons ?
– Gérald Maillot : «Nous sommes aujourd’hui dans un contexte d’urgence et de risque de saturation d’ici 2020. Effectivement, dans moins de deux ans la décharge de Sainte-Suzanne, où sont enfouis les déchets collectés par la CINOR et la CIREST et ceux des professionnels, va atteindre sa limite de capacité d’enfouissement. Dit simplement, cela veut dire que la poubelle sera pleine et qu’on ne pourra plus la vider !
Ce n’est pas plus compliqué que cela.
Dans ce cas, on appelle cela un risque sanitaire avec une possibilité de rupture de service, mais également un risque financier.
C’est à dire ?
– Notre marché actuel de mise en décharge se termine à fin 2020. Continuer dans cette direction du tout enfouissement alors que nous manquons de foncier disponible voudrait automatiquement signifier que la facture grimperait.
De plus, dans les années à venir, les taxes gouvernementales environnementales sur ce mode d’élimination d’autre temps vont augmenter fortement. Donc à coup sûr, on ne peut pas considérer la tarification d’aujourd’hui comme base de discussion pour le traitement de demain.
Je ne sais pas si l’on s’en rend bien compte : on enfouit sur le Nord-Est de La Réunion environ 140 000 tonnes/an d’ordures ménagères sur 30 hectares, soit l’équivalent de 60 terrains de foot ! Et ce avec tous les impacts sur l’environnement et les sols réunionnais que cela engendre. Il est de ma responsabilité de mettre fin au « tout enfouissement ». Cela n’est plus tolérable.
Face à ces enjeux, une majorité d’élus du Sydne ont majoritairement décidé à leur tour de changer de mode de traitement en privilégiant le tri optimisé.
Ces évolutions vont permettre une valorisation maximale de nos déchets. Aujourd’hui, toutes nos ordures ménagères sont enfouies. Demain, nous proposons de réduire de 70% cet enfouissement. Quand on sait qu’une barquette en polystyrène met plus de 100 ans à se dégrader, il est urgent d’arrêter de les enterrer.
Le Sydne a donc signé un marché de traitement multifilières des déchets pour tendre vers une autre mode de traitement : qu’est-ce que cela signifie ?
– Une fois le constat d’urgence effectué, nous avons travaillé avec nos équipes à l’étude des possibilités s’offrant à nous. Nous avons eu un regard économique pour les contribuables, un regard écologique pour les générations à venir, mais aussi un regard technique en prenant en considération les spécificités locales de maîtrise foncière, de procédure administrative longue…
Le marché passé avec la société InovEST nous permettra à partir de nos ordures ménagères d’effectuer -ce qui ne faisait pas auparavant- une valorisation de nos matières (métaux, plastiques, bois…), organiques (compost) et de préparer un combustible en vue de sa valorisation énergétique.
Au lieu d’enfouir nos déchets et de les voir mettre des années à se dégrader, nous allons les utiliser pour créer de la valeur, comme cela se fait déjà dans de nombreuses villes en métropole et dans le monde entier.
Maintenant que cette première étape est en cours de réalisation, nous allons pouvoir travailler à la valorisation énergétique de ce combustible, l’étape suivante donc.
Et en tendant vers le zéro déchet valorisable enfoui, nous rentrons ainsi de plain-pied dans l’économie circulaire !
Quels sont les aboutissements de ce marché négocié ?
– Ce marché vise à traiter une quantité théorique de 2 100 000 tonnes de déchets ménagers sur 15 ans pour un montant estimé à 242 millions d’ €. Mais ce montant n’est pas figé puisqu’il dépend de la quantité de déchets réellement traitée. Si nous faisons tous l’effort de réduire nos déchets, le prix de ce marché sera ramené à la baisse.
Aujourd’hui, le coût du tout enfouissement est déjà de 14 millions d’€ par an. Or, ce mode de traitement ne répond plus à la réglementation environnementale actuelle ; et de plus plus il sera plus coûteux dans le futur pour la collectivité du fait de l’augmentation des taxes environnementales de l’Etat (TGAP) visant à dissuader ce mode de traitement.
On a fait les calculs : si on ne fait rien, cela nous coûterait 300 millions d’ € Sur 15 ans.
Les ménages vont-ils payer plus d’impôts sur les déchets (TEOM) ?
– Le montant de la TEOM ne dépend pas uniquement des dépenses liées au traitement des déchets qui est de la responsabilité du Sydne, mais aussi et surtout des dépenses liées à la collecte des déchets ménagers qui relève cette fois ci de la gestion de la Cinor et de la Cirest.
Le mot d’ordre lors de ce marché négocié était la maîtrise des coûts avec la volonté de ne pas augmenter les taxes pour le contribuable. Les coûts obtenus au final après négociations restent soutenables et maîtrisés.
Cet équilibre financier est garanti par la recherche continuelle et la mise en oeuvre de pistes d’économie et de recettes par notre équipe du Sydne.
Le mot de la fin ?
– Avançons ensemble, il ne nous reste plus que deux ans – avant l’échéance 2020 – pour construire durablement l’avenir du traitement des déchets à La Réunion.
Nous n’avons plus une minute à perdre. C’est par nos actions et les petits gestes de tous les jours de chacun d’entre-nous que nous allons, à notre niveau, contribuer à sauver la planète ! J’en ai fait une priorité ! »

Avec le nouveau mode de traitement, 70% des déchets ne seront plus enfouis dans les terres réunionnaises et feront l’objet d’une valorisation.